La fusillade du Ruisseau
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Dans les premiers jours de mai 1957, deux terroristes abattent deux parachutistes chemin Polignac, dans le quartier du Ruisseau. Alertés par les détonations, les paras d'un camp voisin auquel appartenaient les deux hommes abattus arrivent sur les lieux. Des officiers les accompagnent dont l'un des principaux colonels de la 10e D.P. Ils voient leurs hommes morts sur la route. Un Européen du D.P.U. est là.
Je vais vous guider, proposé-t-il, je sais un bain maure où on a failli prendre Ali la Pointe il y a peu de temps. C'est tous des fellaghas. Les assassins ont dû se réfugier là.
Il est 20 heures. Le bain maure, comme tous les bains maures d'Alger, se transforme, la nuit tombée, en dortoir pour pauvres bougres sans domicile. Il est exact que de nombreux membres du F.L.N., traqués par la police, essayent parfois d'y trouver refuge, espérant passer inaperçus au milieu de ce grouillement misérable.
Les hommes du commando, guidés par le chef d'îlot D.P.U., pénètrent dans le bain maure.
Et les mitraillettes claquent. C'est le massacre. Un flot de sang. C'est l'hystérie. Les maisons avoisinantes ne sont pas épargnées. On sort les locataires : les femmes et les enfants d'un côté, les hommes de l'autre. Et encore le miaulement aigrelet des mitraillettes. Les hommes sans défense frappés à bout portant s'écroulent. La nuit tombe sur près de quatre-vingts cadavres. Les deux paras sont vengés.
Les civils avaient voulu mater Alger. Ils avaient donné carte blanche. On avait dit : Il faut que ça saigne... Maintenant le sang pourrissait et ça commençait à sentir mauvais... Le Ruisseau devenait la honte du Gouvernement général. C'était l'enlisement. La preuve qu'on ne pouvait plus rien faire. Que courir après l'événement pour le couvrir. Ce que fit Robert Lacoste. En conscience. Il était sûr de pouvoir se rattraper.

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Deuxième bataille d'Alger